Les Etats-Unis à vélo de Metz à Las Vegas, c’était…

… remonter sur mon vélo avec un peu d’appréhension un jour après que mon cadre ait été ressoudé

… pédaler plus de 70 km à travers de beaux paysages montagneux, sans traverser le moindre hameau, entre San Lucas et Coalinga

… Nick et Mat, pompiers à Avenal, qui m’ont invité à passer la nuit dans leur caserne alors que je leur ai simplement demandé si je pouvais planter ma tente sur la pelouse derrière

… une eau du robinet au goût suspect un peu partout en Californie

… des paysages sans aucun intérêt entre Avenal et Bakersfield

… un monsieur qui engage la conversation avec moi dans une station-essence, à qui je finis par montrer mon blog et qui me dit « waouh, Sri Lanka, you cycled in Africa »… Il a dû dormir bien profondément pendant ses cours de géo celui-là !

… me sentir comme un intrus sur la route au milieu de tous ces énormes 4x4 conduits par des abrutis fiers de consommer 20 litres aux 100

… Chris et Josh, mes hôtes Warmshowers à Bakersfield, qui m’ont bombardé de questions sur mon voyage sans me laisser le temps de terminer mes réponses

… une matinée à pédaler sur voie rapide entre Bakersfield et Keene

… une après-midi à pédaler sur de petites routes sans circulation entre Keene et Mojave, à alterner entre montées et descentes

… Jake, qui m’a interpellé dans la rue à Tehachapi alors que je faisais ma pause de milieu d’après-midi sur un banc : « hey man, how are you doing ? Do you want a beer ? ». Pas facile de remonter sur le vélo après…

… une nuit chez les pompiers de Mojave, avec qui nous avons passé la soirée à discuter de voyages. Ils ont dû intervenir une fois dans la soirée, pour une grosse fuite de gaz, me laissant seul dans la caserne

… une étape toute plate et toute droite entre Mojave et Barstow, sous un soleil de plomb

… une pause déjeuner dans un fast-food planté en bord de route au milieu de nulle part, où un type me pose comme première question (après m'avoir demandé d'où je viens) « You have a lot of problems with immigrants in France, right ? ». J’ai préféré le laisser dans son marécage intellectuel à la sauce trumpiste

… un nombre impressionnant de personnes obèses qui se sont succédées dans le fast-food

… pédaler quelques kilomètres sur la route 66 juste avant d’arriver à Barstow

… assister à une bagarre entre 6 personnes à la terrasse d’un bar de Barstow alors que j’étais tranquillement en train de discuter avec Leeroy et Beverly (lui est un Indien mojave). Je me suis tout de suite éclipsé, oubliant de leur demander où ils habitent exactement, eux qui m’avaient proposé de m’héberger pour la nuit

… du coup, prendre la décision de demander aux pompiers de Barstow s’ils avaient un coin de pelouse pour que je puisse planter ma tente. Ils m’ont carrément mis une chambre à disposition, avec un lit très confortable

… comme dans chaque caserne de pompiers, pouvoir prendre une douche, faire ma popote, passer la soirée à discuter avec des gars tous très sympas qui se réjouissent de ma compagnie, être en sécurité, aller sur Internet, recharger mes appareils électroniques, etc.

… une journée de pause à Barstow lors de laquelle j’ai accompagné Nick, London et Gary dans 3 de leurs interventions (ils sont à la fois pompiers et médecins urgentistes) : un règlement de compte entre deux drogués où l'un avait son marcel entâché de sang, un gars qui a battu sa femme dans un motel et une vieille dame qui est tombée dans son escalier… Un concentré d’une misère humaine telle que je n’en ai pas même vu au Sri Lanka ou en Birmanie (les deux pays les plus pauvres où j’ai pédalé)

… me voir proposé de rester une journée de plus chez les pompiers de Barstow, ce que j’ai malheureusement décliné sachant que je n’ai que 3 mois de visa et que New York est encore loin…

… au moment de quitter la caserne de pompiers, le capitaine DiNapoli qui m'offre 100 dollars !

… une matinée à pédaler sur la Ghost Town Road, où l’on ne croise effectivement rien ni personne, dans des décors de western et sous une chaleur accablante de l’ordre de 40°C à l’ombre (alors en plein soleil…)


… une soirée chez les pompiers de Baker qui avaient été contactés le matin même par leurs collègues de Barstow

… une matinée d’intense souffrance sur l’Interstate 15 entre Baker et Primm : aucune portion de plat pendant ces 80 km, sous une chaleur presque insupportable (il faisait déjà 34°C à 8h du matin !) et avec un bon vent de face pendant 2 heures

… une après-midi à pédaler sur une petite route sans circulation parallèle à l’autoroute, en légère descente sur les 30 derniers kilomètres avant d’arriver à Las Vegas

… pédaler en début de soirée sur le Strip, l’avenue centrale de Las Vegas, au milieu de tous ces délires architecturaux et de tous ces touristes qui me regardaient comme un ovni. J’ai vraiment été dégouté par l’ambiance hyper-superficielle du Strip et par la catastrophe écologique que représente cette ville implantée en plein désert (il faut savoir que le fleuve Colorado est détourné pour alimenter la ville en eau…)

… devoir encore pédaler 25 km jusqu’à chez Heather et Rex, mes hôtes Warmshowers à Las Vegas, à la nuit tombée, car ils habitent à l’extrémité nord de la ville. C’est là que j’ai pris conscience du catastrophique étalement urbain de la ville

... deux journées de pause à Las Vegas, consacrées à laver mon linge sale, me reposer et faire réviser mon vélo une dernière fois avant d'attaquer la traversée des Montagnes Rocheuses