L’Iran à vélo de Zanjan à Téhéran, c’était…

… des routes de bonne qualité on ne peut plus plates

… encore et toujours énormément de gens qui m'ont salué depuis leur voiture, leur moto ou leur camion, voulant parfois même savoir d’où je viens en roulant à ma hauteur

… beaucoup de conversations qui ont tourné à un moment ou à un autre autour de Daech, qui semble obséder les Iraniens qui se considèrent comme le meilleur rempart contre sa progression

… l’employé d’une supérette à la sortie de Zanjan qui m'a dit « Oh, France ! I love Jacques Chirac ». J’ai été pris au dépourvu !

… un camion dont le pneu a éclaté à 100 mètres devant moi. Ca fait un sacré bruit !

… un monsieur très sympa qui m’a fait signe de m’arrêter peu avant Abhar pour me proposer de m’héberger chez lui pour la nuit alors qu’on n’avait même pas encore discuté (j’ai malheureusement dû décliner car Majid, un ami de Farhad, m’avait promis la veille de pouvoir m’héberger)

… des policiers qui ont roulé à ma hauteur dans Abhar et dont l’un m’a demandé « Everything OK my friend ? » (j’imagine mal la police française demander à un cyclotouriste iranien « tout va bien mon ami ? »)

… quatre gars, toujours à Abhar (décidément !) qui m'ont fait signe de m’arrêter prendre un thé et qui m’ont aussitôt offert un grand sachet de noix

… Majid, mon hôte à Abhar, architecte, qui m'a servi toute la soirée noix, cacahuètes, fruits, thés... à n’en plus finir

… le bonheur de m’asseoir sur une toilette « normale » après plusieurs semaines de toilettes turques toutes plus sales les unes que les autres

… me rendre compte que la France est un pays très apprécié des Iraniens, au contraire des Etats-Unis, d’Israël et surtout de l’Arabie Saoudite unanimement détestée

… Farhad (un autre que celui de Zanjan), ami de Majid et cycliste à ses heures perdues, qui m’a accompagné sur 15 km à la sortie d’Abhar, en me prenant au moins 50 fois en photo...

… une route toute plate mais très peu fréquentée entre Abhar et Qazvin, en ce jour férié où la plupart des Iraniens célèbraient la mémoire de l’imam Hussein (sur 2 jours)

… un conducteur de camionnette qui a pris un dos d’âne à toute vitesse, ruinant complètement son pare-choc avant

… un chien mort au bord de la route qui avait une marque de balle en pleine tête

… un moment complètement fou lorsque j’ai été happé par une vingtaine de gars qui tenaient un stand de distribution gratuite de boissons sur le bord de la route à Takestan. Ils m’ont servi un, puis deux, puis trois verres de sirop à la menthe avant de se mettre tous autour de moi pour me citer tous les joueurs de foot français qu’ils connaissent et de chanter tous ensemble « I love France »… Ils ne m’ont laissé repartir au bout d’une demie-heure qu’après avoir fait je ne sais combien de photos avec moi… Vraiment un très bon moment !

… une arrivée à Qazvin au milieu d’une foule de pèlerins qui se rendaient au mausolée de Shahzadeh Hossein, qui est un saint pour les chiites

… un sale type qui a voulu me faire payer pour mes 3 minutes d’utilisation de son Wifi, à qui j’ai ri au nez en lui disant que depuis mon départ, il est le premier à me demander ça. D’autant qu’au moment de me passer son code, il ne m’a pas prévenu qu’il me demanderait de l’argent

… des gars rencontrés dans un café à Qazvin qui m’ont offert du vin dissimulé dans une bouteille de Coca-Cola et qui m’ont précisé qu’il me fallait être discret, car l’on risque de nombreux coups de fouet à être surpris en train de transporter ou de boire de l’alcool en Iran. Je me suis séparé de la bouteille au prochain coin de rue…

… une deuxième partie de soirée recroquevillé dans un petit hôtel de Qazvin, à pouvoir me reposer un peu seul après ces derniers jours très, voire trop, intenses en rencontres

… une journée de pause à Qazvin à me reposer et me promener en ville, noire de monde en raison des cérémonies du deuil d’Achoura (le « martyr » de l’imam Hussein), le rite principal du chiisme. Les reconstitutions théâtrales de décapitations d’enfants et les scènes de flagellations avec des fouets en métal m’ont rapidement incité à me réfugier dans un parc au calme…

… m’amuser à faire deviner à 10 personnes de quel pays je viens. J’ai eu droit à 4 Allemagne, 2 Espagne, 1 Etats-Unis, 1 Russie, 1 Slovénie (!?!), 1 Turquie et 1… Afghanistan !

… une pauvre fille de 5 ans qui m’a demandé de l’argent dans la rue un matin et à qui un passant a mis un coup de pied aux fesses pour qu’elle dégage. J’ai fait comprendre à ce type que je n’ai pas du tout apprécié

… un chauffeur qui m’a fait signe de m’arrêter au bord de la route à la sortie de Qazvin et qui m’a proposé de venir m’asseoir sur le siège passager pour boire un verre de vodka, ce que j’ai refusé

… lors d’un contrôle de police sur la route, l’agent qui m'a demandé si je crois que le Paris Saint-Germain va gagner la Ligue des Champions (ça semblait le soucier davantage que de contrôler mes papiers)… C’est fou le nombre de gens avec lesquels j’ai échangé quelques mots au sujet du football. D’ailleurs anecdote marrante : en Iran, on dit « Zeynedine Zeydane »

… Mohamad, mon hôte à Hashtgerd, professeur de sport, dont le contact m’a été donné par le gang des cyclos de Zanjan. Et là, surprise en arrivant, Abbas est venu rendre visite à son ami Mohamad (dont il m'avait filé le contact) ! Du coup, il a pu me raconter encore d’autres anecdotes toutes plus incroyables les unes que les autres de ses deux tours du monde à vélo, et notamment sa traversée épique du Sahara il y a 28 ans. Vraiment un cyclotouriste extrêmement impressionnant par sa simplicité (il vit et voyage sans téléphone portable ni Internet, n’a pas d’adresse fixe, roule sur un vélo vieux de 25 ans avec des sacoches déchirées par des attaques de chiens, ne change de chaîne que tous les 5 ans, etc.) et son mode de vie proche de la nature (il se lave uniquement dans les cours d’eau et les lacs, etc.)

… la leçon d’Abbas au petit-déjeuner : « Toute journée doit commencer par le fait de manger un fruit pour remercier la nature de ce qu'elle te donne »

… une entrée dans Téhéran sur autoroute, moins chaotique qu’à Istanbul

… une crevaison quelques kilomètres après être entré dans Téhéran. Par le plus grand des hasards, il y avait un garage auto à 200m, où le type a insisté pour réparer lui-même ma chambre à air et pour que je reste assis à boire un thé pendant ce temps-là

… prendre la décision, mûrement réfléchie, de rentrer passer quelques temps en Europe (mais pas en France) à l’issue des deux semaines que je vais passer en Iran avec mon frère à partir de dimanche, et ce avant de repartir de plus belle sur les routes du monde. La raison tient en 9 lettres, commençant par un K et finissant par un A…


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Pour les férus de chiffres, Paris-Téhéran à vélo en 100 jours tout pile, c’était :

… un nombre incalculable de rencontres

... un nombre au moins aussi important de thés offerts au bord de la route

… 1461 photos, dont 910 publiées sur ce blog

… 100 jours de bonheur et de liberté

… 99 km en moyenne par étape

… 68 jours sur le vélo

… 61 nuits chez l’habitant, dont 40 chez des membres de Warmshowers (23 hôtes différents) et donc 21 nuits chez des gens rencontrés spontanément

… 32 jours de pause à 22 endroits différents

… 21 nuits en hôtel (jamais plus de 12€ la nuit), dont 2 offertes

… 19 jours avec Katharina

… 11 contrôles de police ou de l’armée, dont 9 en Turquie

… 9 pays visités

… 9 nuits sous la tente, dont 1 en camping

… 7 capitales traversées

… 5 attaques de chiens

... 4 nuits chez Marina et Damien à Paris

… 3 demi-journées de pluie seulement !!!

… 3 crevaisons

… 2 nuits dans un restaurant

… 1 coup de fringale

… 1 rencontre avec des ours

… 1 nuit dans une mosquée

… 1 nuit dans une grange 

… 1 nuit dans une maison abandonnée